Déjà ?

Le fil rouge de ma vie est la mort.
Je ne suis pas agent de pompes funèbres ni tueuse à gages.
Je suis née poète. Devenue juriste, philosophe et éthicienne, spécialisée dans
les questions de la fin de vie.
Ma vie a été façonnée de morts abruptes ou annoncées.
Je me sens à l’aise pour évoquer la mort.
Mais esseulée.
La majorité ne veut pas en parler. Elle prétend que la mort a tort d’exister.
Que c’est un échec. Que c’est notre devoir de ne pas trop y penser. Grâce à
cela, on a l’impression de la déjouer.
Je ne suis pas d’accord. J’ai constaté le contraire :
Ne pas en parler et fuir comportent un risque. Celui d’être aveuglé et
paralysé quand la mort vous appelle.
Parler de la mort apaise, libère et nous aide à continuer à faire des choix
vivants.
Jusqu’à la fin.

Gwendoline Loosveld est née en 1965 à Courtrai. Elle vit depuis plus de trente
ans dans la région liégeoise. Après un parcours dans le notariat et le monde
bancaire, elle s’est spécialisée dans les questions liées à la fin de vie. Ses
recherches, son expérience, ses rires et larmes nous incitent à oser parler de
la mort.