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5 juin 2013

Tout le monde a le droit d'être un héros

Il y a bien longtemps que l'on n'avait pas trouvé autant de charme à un roman. Direction un petit village du Sussex, qui vit des moments trépidants. Enfin, trépidants à la mode anglaise: un pasteur provoque un énorme scandale parce qu'il décide d'offrir un enterrement religieux à un chien; Henry est à deux doigts de virer le comédien-vedette du téléfilm qu'il déteste tourner; sa femme, Laura, 42 ans, se voit rattraper par son passé incarné par un très séduisant galeriste qu'elle a follement aimé à vingt ans... Situant son action sur six jours (du mardi au dimanche), explorant le quotidien d'une douzaine d'habitants, William Nicholson nous raconte les petits et grands bouleversements de ces existences. L'écrivain était déjà connu et des cinéphiles (il a signé les scénarios de " Gladiator " de Ridley Scott et des " Misérables " de Tom Hooper), et des jeunes lecteurs (" Le vent du feu "). Le voici qui fait une entrée en douceur chez les adultes. " Tout le monde a le droit d'être le héros d'un roman ", explique-t-il en parlant de son livre et de cette bourgeoisie de province qu'il veut réhabiliter. Ce pourrait être ennuyeux, poussiéreux, c'est délectable. Se glissant dans les pas du " Middlemarch " de George Eliot, voulant faire preuve de la même empathie que la romancière éprouva  pour ses personnages il y a un siècle et demi, il signe une histoire subtile et délicate. Et ce qui est étonnant, c'est sa vision incroyablement féminine du monde: on vous recommande la journée de shopping que Laura s'offre à Londres. William Nicholson était caché dans son sac à main, ce n'est pas possible autrement!

article paru dans ELLE

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Grasset et Annika Parance éditeur

Grasset

18,90
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5 juin 2013

Autrement dit

Un joli sourire en noir et blanc d’écrivaine idéale, eye-liner et cheveux crêpés devant sa machine à écrire, une cigarette à la main. Qui est-ce ? La promesse du titre, " L’inédit ", pousse à la curiosité... il s'agit de Marie Cardinal, l’auteure du célèbre et féministe " Les mots pour le dire ",_ _aujourd’hui_ _un peu oubliée. C’est elle, photographiée par Robert Doisneau en 1963.

Elle tape à la machine, comme le confirment les pages dactylographiées qui scandent le livre, pages choisies et arrachées de son journal intime, journal de bord de la difficulté d’écrire, de la difficulté d’y croire. De la désespérance parfois, mais aussi de la joie devant la beauté du monde.

Les filles de Marie Cardinal, disparue en 2001, ont rassemblé des fragments de textes d’époque et de natures diverses, éclairant la trame d’une vie de femme engagée dans sa vie d’écriture. Hormis les extraits datés de son journal, on y trouve une interview d’elle-même par elle-même, exercice au long cours dont la mécanique trouble et ravit. Celle-ci est entrecoupée de textes en italiques, fictions, souvenirs, fragments d’histoires, morceaux d’images qui entêtent comme le parfum des giroflées sauvages dans le jardin de la bastide où se livre le face à face de l’écrivaine avec elle-même, un dialogue, parce que “le monologue me tue”.

Sur un clapot léger " L’inédit " vogue à travers les lieux et les époques, l’Algérie natale, la nostalgie de l’enfance, la Provence et Paris, plus tard le Canada, les voyages et les luttes.

Le bonheur d’une vie dans toute sa complexité, comme elle l’écrira si bien: " Le bonheur. Le bonheur à six branches, à deux têtes, à sept queues. Ce mot dans ma tête. Il vrombit, il grince, il s’enraye comme une perceuse. "

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4 juin 2013

Quelle dose d’amour peut-on supporter ?

Tout commence, de manière banale, dans la cohue d’un supermarché. Hannes bouscule Judith et ils échangent quelques mots. Puis elle le retrouve plusieurs fois sur son chemin, et le charme opère. Hannes serait-il l’homme parfait? Il la couvre de compliments, se montre prévenant, généreux, tendre et séduit l’ensemble de son entourage. Mais pourquoi, peu à peu, Judith se sent- elle dévorée par les attentions permanentes de cet amour (trop ?) démonstratif ? Lors d’un voyage à Venise, Hannes franchit un cap et elle décide alors de prendre de la distance et même de le quitter. Jusqu’à présent, Daniel Glattauer nous avait habitués à des romances qui ressemblent à des comédies. Mais bien que la couverture de " A toi pour l'éternité " reprenne les mêmes codes que ses deux précédents succès, « Quand souffle le vent du nord » et « La septième vague », sa nouvelle intrigue a des allures de thriller psychologique. Et on peut penser qu’il s’est inspiré de son métier de chroniqueur judiciaire pour écrire ce roman. Judith devient-elle folle ? Fait- elle une fixette sur Hannes, ou celui-ci est-il un pervers  machiavélique? Impossible de vous déflorer la fin, mais si vous aimez les ambiances à la Nicci French, vous ne serez pas déçus par ce roman, certes plus sombre, mais où l’on retrouve aussi le ton et le sens des dialogues de Daniel Glattauer. Et surtout, vous ne ferez plus jamais vos courses au supermarché de la même façon !

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roman

Grasset

15,90
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3 juin 2013

Famille, je vous hais

Une fois le roman de Cléo Le-Tan refermé, on se demande ce qui a bien pu pousser Grasset à le publier? La maison d'édition espérait-elle réussir un coup à la Félicité Herzog? Mais c'est oublier que Félicité Herzog sait écrire, elle. A-t-elle imaginé que ce récit allait provoquer un buzz doublé d'un scandale, parce que les protagonistes (à peine déguisés) sont un peu connus? Il se trouve que quelques jours avant, j'avais relu " Rien ne s'oppose à la nuit " de Delphine de Vigan. Evidemment, c'est cruel et cela n'a pas arrangé les affaires de cette jeune Cléo. Où l'une réussit à transformer une tragédie en œuvre littéraire, l'autre ne parvient qu'à déverser son fiel et sa haine envers sa mère anglaise, Beaule, selon elle écervelée, snobe, égoïste, et intéressée. Est-ce vrai? Impossible de le savoir et cela n'a, au fond, aucune importance. Cléo a-t-elle souffert du désintérêt des ses parents, trop occupés à tenter de donner un sens à leurs vies respectives? Probablement. Tout cela est bien triste, mais le problème, c'est que, de même que l'on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments, on n'en fait pas davantage avec des mauvais. Cette litanie de plaintes, qui n'est soutenue par aucun style, devient très vite pénible. Bref, " Une famille " est à éviter. Ce qui reste le plus réussi est la couverture, dessinée par le père, Pierre Le Tan, qui doit quand même être un peu maso pour cautionner ce déballage.

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31 mai 2013

Cochon mon amour

Sans tout ce tintamarre, délibérément organisé, aurions-nous autant entendu parler du livre de Marcella Iacub, " Belle et bête "?

Pas sûr. Car enfin cet essai ne casse pas cinq pattes à un cochon. D'abord, levons toute équivoque: il ne s'agit ni d'un livre de cul, ni d'un texte érotique. Si vous rêvez de passages chauds, de phantasmes étourdissants ou de révélations croustillantes, passez votre chemin. Marcella Iacub, fascinée par DSK, va vivre une aventure avec le sujet de sa fascination. L'a-t-elle séduit pour nourrir son récit ? Sans doute, mais au fond on s'en fiche. Ce qui est certain, c'est que l'auteure est fascinée, possédée par DSK, et plus précisément, par le cochon qui est en lui. C'est sur cela qu'elle écrit. DSK est un homme et un cochon. Une matriochka d'un nouveau genre. On ouvre le bonhomme et à l'intérieur on trouve un cochon. L'homme n'a pour elle aucun intérêt. Le cochon la comble mais l'obsède. Le cochon, elle en parle tout le temps. Cet homme ne l'intéresse que lorsqu'il marche derrière sa queue en tire-bouchon, qu'il ne pense qu'au sexe, qu'il transgresse tout pour se vautrer dans la fange. Au point de détruire son ambition politique et son couple. La vérité de ce livre est dans son titre. En se laissant prendre par ce porc, gouverner par ce porc, la belle devient bête elle-même, dans tous les sens du terme. Cette histoire est donc celle d'une femme qui tombe en bêtise. Cette dimension, d'une femme prise, éprise, habitée par un porc n'est pas sans intérêt. Mais franchement, c'est un peu faible, et pour tout dire souvent ennuyeux.  Inévitablement, on pense à " La Bête " de Borowczyk. Malheureusement, on ne joue pas dans la même cour. Le Nouvel Observateur a fait de " Belle et Bête " sa couverture, sous prétexte qu'il s'agissait d'un chef d'oeuvre. N'exagérons rien. Le jeu des citations est souvent spécieux, mais tout de même je ne résiste pas: " Puis je me suis mise à écrire des lettres au cochon. Un nombre incalculable de lettres que je n'ai jamais envoyées. Je disais " mon amour, mon Tout, mon Trop. Tu es mon Est, mon Ouest, mon Nord et mon Sud, sauve-toi de la brute qui t'emprisonne, fais la révolution, ne m'oublie pas. Mon cochon sans toi je ne suis plus, je ne vaux rien. "  On frise la niaiserie, non?

![copain-cochon](http://www.onlalu.com/site/wp-content/uploads/2013/03/copain- cochon-137x96.jpg)

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