La décadence et autres délices

Véronique Beucler

Éditions Dialogues

  • Conseillé par
    8 novembre 2011

    Energique, efficace, sensuel !

    « Ce jeudi-là, Vladimir Fradel se réveilla d'un sommeil agité ». Banale entrée? Peut-être... Mais on était jeudi, j'avais passé une mauvaise nuit, et j'ai tout de suite été embarquée par Vladi, happée par cette histoire farfelue et décalée. C'était exactement ce que j'avais envie de lire à ce moment-là...
    Quand le roman s'ouvre, c'est l'état d'urgence sur tout le territoire : enflures, déformations, lésions en tous genres font leur apparition. On parle vaccination, transmission, port de masque, enfin, on en parle, oui, mais surtout pas de manière publique... Attention : secret d'état, il ne faut surtout pas affoler la population... Tiens donc, tout ça ne nous rappellerait pas un peu un automne pas si lointain?...

    Comme Vladi, on a vite envie d'en savoir plus sur cette drôle d'épidémie, alors, comme si on était plongé dans une enquête, on avance et on tourne les pages avec grand plaisir. D'autant plus que les personnages sont vraiment attachants. Il y a les grands-parents de Vladimir, qui, comme quand il était enfant, continuent à lui offrir tendresse et affection : avoir un papi qui cite Camus, un papi prêt à manifester, à créer un collectif, c'est plutôt pas mal, non? Il y a aussi la belle et mystérieuse Ana, qui ne quitte jamais sa petite chaussette blanche, le voisin chimiste à la retraite qui ne demande qu'à reprendre du service, Jeff, l'ami médecin, coincé entre dire et taire, et aussi Traoré et Sénad, les deux clandestins au destin incertain... Tout ça avec en fond les refrains de Leonard Cohen!

    La deuxième partie est une vraie surprise. Après s'être éloigné quelques années, Vladimir retrouve une France un peu … différente, où plaisirs charnels et autres délices ont désormais pris place. Jouissance, libertinage, voluptés ont pris le pouvoir (tiens donc encore...) et c'est vraiment cocasse.
    Si je mets un petit bémol pour la dernière partie du roman (l'abus de cochonnaille - je vous laisse découvrir pourquoi...- m'a laissé comme une petite indigestion), l'impression générale est quand même très positive. Il y a plein de choses à piocher dans ce drôle de roman : c'est énergique, efficace, sensuel, différent de tout ce qu'on a l'habitude de lire, bref, ça fait du bien!


  • Conseillé par
    7 novembre 2011

    Epatant

    Le livre de Véronique Beucler est exceptionnel.
    D'abord par l'écriture. C'est impeccablement soigné, briqué, poli, sans que cela se voie, se voie trop, sans l'étalage rhétorique qui est aujourd'hui la règle. Elle a le cran de l'élégance discrète, c'est-à-dire de l'élégance tout court.
    Et puis son livre est un livre drôle. Mordant, féroce, énorme, mais drôle. En ces temps où le sujet dominant du roman est la vertigineuse descente au fond de mon nombril, voilà une originalité singulière, presque dérangeante, diablement courageuse.
    Et surtout, elle ose, elle va jusqu'au bout, elle impose sa fable avec un aplomb, un culot d'enfer. Pas moyen de s'évader, cette affaire de cochonnerie - tout en légèreté, au demeurant, et c'est un tour de force - nous tient la tête du début à la fin.
    Moi, j'admire cette énergie de la romancière qui ne raconte pas son dernier divorce, ni les humeurs de son Papa, ni les émois de ses premières règles : elle invente un monde et nous y fait entrer, comme les écrivains des Antilles ou d'Amérique latine.
    Quand le blabla parisien se perdra dans les sables, on la relira et on se dira qu'à l'automne 2011, il s'est passé quelque chose. Même qu'on a ri, avec mauvaise conscience.
    Chapeau!

    Hervé Hamon


  • Conseillé par
    6 novembre 2011

    Epatant

    Le livre de Véronique Beucler est exceptionnel.
    D'abord par l'écriture. C'est impeccablement soigné, briqué, poli, sans que cela se voie, se voie trop, sans l'étalage rhétorique qui est aujourd'hui la règle. Elle a le cran de l'élégance discrète, c'est-à-dire de l'élégance tout court.
    Et puis son livre est un livre drôle. Mordant, féroce, énorme, mais drôle. En ces temps où le sujet dominant du roman est la vertigineuse descente au fond de mon nombril, voilà une originalité sigulière, presque dérangeante, diablement courageuse.
    Et surtout, elle ose, elle va jusqu'au bout, elle impose sa fable avec un aplomb, un culot d'enfer. Pas moyen de s'évader, cette affaire de cochonnerie - tout en légèreté, au demeurant, et c'est un tour de force - nous tient la tête du début à la fin.
    Moi, j'admire cette énergie de la romancière qui ne raconte pas son dernier divorce, ni les humeurs de son Papa, ni les émois de ses premières règles : elle invente un monde et nous y fait entrer, comme les écrivains des Antilles ou d'Amérique latine.
    Quand le blabla parisien se perdra dans les sables, on la relira et on se dira qu'à l'automne 2011, il s'est passé quelque chose. Même qu'on a ri, avec mauvaise conscience.
    Chapeau!

    Hervé Hamon