Am Fred B.

De Marathon à Athènes, les ailes aux pieds

Gallimard

22,00
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6 août 2024

Va courir chez les Grecs !

Après une jeunesse passée dans l'étude et la dolce vita, l'helléniste italienne se découvre une passion pour le running. Elle décide de se préparer à l'épreuve mythique du Marathon. Avec humilité, application et autodérision, elle s'étonne de ses ressources physiques et de ses motivations à exercer un corps jusqu'ici peu sollicité. Textes à l'appui, elle devient la lectrice de son propre corps. Si la course est la manifestation naturelle de l'élan vital et de l'instinct de préservation, elle procure à la passionnée de culture antique une perception nouvelle du temps, de sa propre vitalité et de sa présence au monde, en même temps qu'une confiance en elle et une conscience féministe inédites. Étape par étape, elle nourrit son entraînement - et le nôtre - de lectures et de réflexions sur ce que révèle cet engouement sur la solitude et la vanité de notre société de la performance individuelle. Serions-nous capables de courir comme un Grec pendant 42 kilomètres pour sauver notre démocratie ? Une histoire du sport et de la construction de soi - en collant fluo !
Anne-Marie

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5 août 2024

Roman de l'absence, fantaisie du conte cruel

"J'ai l'impression que notre Alice n'a pas envie de savoir pourquoi elle pleure", décrète la Reine psychologue consultée par la narratrice.
Longtemps, Mika et Alice furent Petit frère et Petite sœur, couple inséparable, unique et particulier, d'une famille d'artistes. Le cadet, précoce et charmant, épaulait l'aînée, rêveuse et maladroite, dans son ombre. Ils jouaient à des jeux étranges, s'inventaient des vies, défiaient les rôles convenus.
Lorsque la narratrice, devenue adulte, apprend la mort de son frère, elle ne l'a pas revu depuis sept ans. Sous le choc, elle part s'isoler dans un appartement, pour garder un chat fantomatique et retrouver une mémoire heureuse de cette enfance empreinte d'audace et de folie. Une traversée du miroir aussi cruelle que légère, par la délicatesse et la drôlerie de l'écriture du deuil et de l'émancipation. Comment Alice sort de son terrier et s'affranchit des règles imposées ! Réjouissant.
Anne-Marie

Presses universitaires de France

11,00
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3 avril 2024

Vita activa - Contre la société de la performance.

" Par manque de repos, notre civilisation court à une nouvelle barbarie" (Nietzsche). Philosophe jardinier - ou l'inverse ! - l'auteur de ce court essai nous invite à méditer un instant sur les raisons de notre épuisement mental. Surabondance d'informations, de stimulations, d'injonctions à la positivité et au "Yes, we can !". Notre hyperactivité n'est en somme que passivité. L'ennemi est intérieur, puisque la contrainte est intériorisée par des âmes épuisées, en guerre contre elles-mêmes. Or la création est l'enfant du rêve et de l'ennui, comme la culture est fille de l'attention. Les machines sont trop bêtes pour douter, alors que notre humanité éclôt dans l'étonnement et la contemplation solitaire. "Jamais on n'est plus actif que lorsqu'on semble ne rien faire " (Caton). Apprenons donc à voir. Simplement.
Éloge de la vie contemplative.

Anne-Marie

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23 mars 2024

« Depuis toujours, je suis folle des images »

C’est comme reprendre un livre depuis longtemps perdu, et qui pourtant fascine par sa fraîcheur et son énergie. Voilà une très belle surprise que cette anthologie : de 1966 à 2002, un itinéraire dans la poésie d’une auteure aujourd’hui connue comme essayiste surtout. On ouvre une porte depuis trop longtemps fermée, et vous saute aux yeux la belle audace du surréalisme flamboyant, celui de Breton et Desnos, avant que leurs continuateurs l’usent jusqu’à la corde. On revient aux sources d’un lyrisme révolté et sauvage. Annie Le Brun nous mène dans des espaces oniriques, ouvre pour nous le petit théâtre somptueux du rêve et du désir, peuplé d’images fortes - rappelons qu’elle a beaucoup fréquenté le marquis de Sade… Humour et affirmations péremptoires, provocation et gravité vont de pair. Excès aussi, c’est la loi du genre.

Comme souvent en poésie, on ne « comprend » pas tout. Parfois oui, parfois non. Et alors ? On entre, on goûte, on expérimente, on entrevoit. On rit. On se réjouit.

« La délicatesse est sauvage ou n’est pas » : tout un programme.
Frédéric

Les larmes sont le propre de l'homme

Albin Michel

17,90
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3 mars 2024

Parce qu'apprendre à pleurer, c'est apprendre à vivre. La puissance des larmes.

Que faire de nos larmes ? Et de celles des autres, qui nous bouleversent ou nous embarrassent ? Abattu par le deuil, le philosophe plonge dans un tunnel de larmes, qui le pousse à donner sens à cette manifestation d'émotions codifiées, souvent jugées gênantes dans nos sociétés du contrôle et de la rentabilité. Car les larmes sont l'occasion de ressaisir en soi une intensité vitale parfois oubliée, et pour ceux qui les regardent, une expérience d'empathie et de vulnérabilité. Déploration solitaire d'un passé qui ne passe pas, elles peuvent devenir imploration solidaire, sublimée par la prise de conscience de l'injuste, et par l'action de réclamer réparation pour un avenir commun. Armes de ceux qui ont tout perdu, les larmes méritent une juste reconnaissance dans les société démocratiques, faute de quoi elles tournent à la rage, la vengeance et la violence des guerres. Intime moment d'humanité, les pleurs mettent à l'épreuve nos forces de vie et de sensibilité, de création et d'imagination. Anne-Marie